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HISTOIRE - ARMENIE

C'est au VIIe siècle av. J-C que les Arméniens, peuple indo-européen venu de Phrygie, s'installèrent dans le nord de l'Anatolie, où s'était constitué, deux siècles plus tôt, le royaume d'Ourartou. Ils s'intégrèrent à la population autochtone, mais leur présence à la charnière des grands empires se disputant la domination du Proche-Orient allait leur valoir de fréquentes invasions et la perte de leur indépendance. Cependant, l'Arménie connut des heures de gloire, notamment sous le règne de Dikran le Grand (v. 140 — v. 55, roi à partir de 95 av. J-C). Évangélisée par Grégoire Ier l'Illuminateur, elle fut, en 302, la première nation à adopter le christianisme comme religion officielle. Après le concile de Chalcédoine (451), l'Église apostolique arménienne, attachée à la doctrine monophysite, se sépara peu à peu de l'Église catholique. 
 
Le monde arménien, qui s'est longtemps caractérisé par une forte tradition rurale, renforcé par une structure de pouvoir de type féodal, c'est-à-dire fortement décentralisée, a cependant connu au cours de sa longue histoire plusieurs formes d'urbanisme, notamment sous la dynastie des Bagratides (IXe-XIe s.). Après la restauration de la royauté au profit des Bagratides par Achot Bagratouni (884), on assista en effet au développement d'un modèle urbain d'un type nouveau avec la fondation d'Ani ; cette ville attira non seulement un grand nombre de populations rurales, mais également une bonne partie de l'aristocratie arménienne, pour atteindre asse vite une centaine de milliers d'habitants. Réunissant la plus grande partie de l'élite politique et les différentes institutions de l'État arménien, Ani abritait aussi la résidence du chef de l'Église arménienne, donnant du même coup aux souverains bagratides (Smbat Ier Bagratouni : 890-914 ; Achot II Erkat : 914-928 ; Achot III : 961-977; Smbat II Bagratouni: 977-989) un pouvoir qu'aucun roi d'Arménie n'avait connu avant eux. Ce centralisme favorisa également le développement d'un commerce international et une prospérité dont témoignent tous les auteurs de l'époque, tel l'historiographe Aristakès Lastivertsi. On peut aussi imaginer que, dans ces circonstances, la période bagratide fut marquée par une créativité artistique et littéraire féconde, dont les vestiges d'Ani sont le meilleur exemple. 
 
Chronologie (1894) 
Au XVIe siècle, les Turcs et les Perses se partagèrent l'Arménie à l'issue d'une longue lutte: les premiers s'approprièrent la partie occidentale, tandis que les seconds s'installaient à l'est. En 1827, la Russie conquit, sur la Perse, la région d'Erevan et, en 1878, elle reçut, par le traité de Berlin, les régions turques de Kars, Ardahan et Batumi. Cependant, la Turquie, qui conservait une grande partie de l'Arménie, s'y livra à de terribles massacres, surtout en 1894-1896 et en 1915-1916. En 1918 se créa une éphémère République d'Arménie, qui fut reconnue au traité de Sèvres (1920). Mais, dès 1921, le pays se trouvait de nouveau partagé entre la Russie et la Turquie.