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ECONOMIE de la COREE DU NORD

 La guerre avait ruiné les installations laissées par les Japonais; la reconstruction s'opéra par les plans biennal de 1954-1956 et quinquennal de 1957-1961. La socialisation a été étendue à toute la paysannerie; la coopérative est devenue à la fois le cadre de l'effort agricole et l'unité administrative (8 % seulement du sol revenant aux fermes d'État). Le troisième plan (1961-1967), prolongé jusqu'en 1970, fut suivi du quatrième (1971-1976). C'est alors que le pays s'ouvrit sur le monde, à l'exemple de la Chine, en créant des zones économiques spéciales et en favorisant la constitution de joint-ventures; toutefois, cette tendance fut renversée en 1986. 

 
Un traité de coopération signé avec l'URSS en 1985 assura une aide technique considérable et multiforme, ainsi que l'accès des Nord-Coréens à la technologie nucléaire soviétique. Mais la dislocation de l'URSS en 1991 et la chute des régimes communistes, voire leurs options «capitalistes» (Chine), ont contribué à isoler le régime de Pyongyang sur le plan économique. 
 
Agriculture
L'absence de statistiques précises ne permet guère de juger des progrès effectués sans sortir du cadre des estimations. Pour l'agriculture, le principal problème, le manque de sol arable, a en partie été réglé par la poldérisation de 300.000 ha, ouverts en rizières, sur la côte occidentale. La vernalisation a permis d'étendre la riziculture. Les terres irrigables ont accueilli l'élevage bovin, les cultures fruitières et celle du mûrier (pour la soie). Déjà puissamment développée par les Japonais, la pêche, favorisée par la multiplication planctonique que permet la rencontre de courants froids et chauds, a repris son importance.
 
Industrie
Métallurgie et chimie lourde ont été distribuées en neuf zones – Pyongyang, Hamhung, Kimchaek, Sinuiju, Haeju, Chongjin, Chongchon, Kanggye, Wonsan – gérées directement par l'État, tandis que les industries légères, décentralisées, s'appuient sur les ressources régionales. La sidérurgie, base de l'industrie, est associée à la métallurgie du plomb, du zinc et des alliages; véhicules lourds et tracteurs constituent une part importante de sa production. L'industrie chimique, sans doute aussi importante, traite la houille locale et le pétrole d'importation dans quelques complexes répartis sur les deux façades littorales. L'électricité provient de la houille et des grands barrages édifiés sur le Yalu (Supung) et dans l'intérieur; la production des centrales thermiques aurait été multipliée par 13 de 1961 à 1975. 
 
Echanges
Le principe de djoutché («agir en maître de son destin») implique une indépendance absolue dans la poursuite de la croissance; mais la Corée du Nord doit faire appel aux matières premières, aux capitaux et aux technologies de l'étranger. Jusqu'aux années 1970, le pays ne s'adressa qu'à la Chine et à l'URSS. Depuis, il s'est tourné aussi vers le Japon, même en l'absence de relations diplomatiques officielles. 
 
Les échanges nord-coréens, infimes comparés à ceux du Sud, intéressent aussi des nations du Sud-Est asiatique, du Proche-Orient, d'Afrique et de l'Europe occidentale. Les Nord-Coréens achètent des outillages de précision et du savoir-faire. Ils vendent des métaux, des produits agricoles et marins, du ciment et de l'acier. Une politique d'emprunts, suivie depuis 1973, a été contrariée par les difficultés de remboursement induites par les crises pétrolières.
 
Ces carences traduisent l'état stagnant de l'économie nord-coréenne: installations vieillies, manque de technologies de pointe, centralisation excessive de la gestion, forte ponction du budget en faveur de l'armée (un quart du PNB). Ni l'autorité ni l'enthousiasme ne semblent pouvoir pallier les retards d'une économie planifiée qui n'a pas bénéficié des investissements réalisés au Sud.