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HISTOIRE - IRAK

Les montagnes du Kurdistan sont l'un des plus anciens foyers de l'humanité où s'est effectué le passage de l'économie de chasse et de cueillette à l'agriculture sédentaire. Aux VIIe et VIe millénaires av. J-C, les hommes abandonnent collines et montagnes pour s'établir dans les plaines. Aujourd?hui, c'est sur la Mésopotamie que le nouvel État-nation voudrait fonder son identité et ses référents historiques. 
 
Les civilisations de l'Antiquité Les millénaires suivants sont marqués par le passage d'une organisation de type villageois à des civilisations urbaines bénéficiant des surplus d'une agriculture que l'irrigation a pu rendre intensive. C'est l'époque des cités-États. 
 
La civilisation sumérienne marque le IIIe millénaire, où les échanges commerciaux sont alors possibles par l'écriture et l'usage d'une langue commune. Les Amorrites, nomades sémites venus du sud, fondent un nouvel empire avec pour centre Babylone; Hammourabi (1793-1750) en sera le roi le plus célèbre. Plus tard, le Nord prend sa revanche avec l'hégémonie assyrienne, dont l'apogée se situe sous Assourbanipal (669-627), Ninive étant alors la capitale. Babylone retrouve sa prééminence sous Nabuchodonosor II (605-562). L'Empire assyrien succombe rapidement. La Mésopotamie est intégrée dans le vaste Empire achéménide. 
 
Les splendeurs de l'Empire abbasside 
L'Empire abbasside au début du IXe siècle 
 
La conquête de la Mésopotamie par les Arabes, vers 637 apr. J-C, constitue une date charnière. À partir de 750, Bagdad est promue capitale de l'Empire abbasside, qui s'étend à son apogée jusqu'aux confins du Maghreb, de l'Inde et de l'Asie centrale. Bagdad devient la grande métropole du monde civilisé, dont Haroun al-Rachid, calife abbasside, contemporain de Charlemagne et immortalisé par les Mille et Une Nuits, reste le symbole. L'empire musulman est marqué par l'éclat de sa civilisation urbaine et son foisonnement intellectuel. Les campagnes, grâce à un remarquable réseau d'irrigation, connaissent aussi une période d'abondance. Idéalisé par les mémoires arabes, cet «âge d'or» est définitivement ruiné par les invasions mongoles. Bagdad tombe en 1258. 
 
L'Iraq est alors, et pour longtemps, soustrait à la domination arabe. La plaine mésopotamienne entre dans une période de récession que l'Empire ottoman sera incapable de juguler. Les terres cultivées deviennent des pâturages pour les troupeaux des nomades. Un déclin démographique, enfin, accompagne la régression économique.
 
Le mandat britannique et l'Iraq hachémite 
 
Après la Première Guerre mondiale et le démantèlement de l'Empire ottoman, la tutelle britannique, en application de l'accord Sykes-Picot (1916), s'exerce sur l'Iraq. Par les accords de San Remo (1920), la Grande-Bretagne reçoit mandat de la part de la Société des Nations pour administrer le pays. Les frontières sont définies sous l'autorité de la puissance mandataire: en 1925, le vilayet de Mossoul est rattaché à l'ensemble que forment déjà ceux de Bagdad et de Bassora: l'Iraq moderne est constitué. Un Hachémite, l'émir Fayçal, monte sur le trône. L'indépendance est proclamée en 1932. 
 
Sous la monarchie hachémite, le pays, qui reste sous influence britannique, est dirigé par de grandes familles sunnites. Les débuts de l'économie pétrolière, associés à un certain développement économique, sont à l'origine de profondes mutations. Une couche sociale intermédiaire (médecins, professeurs, ingénieurs, fonctionnaires, officiers, intellectuels) émerge, tandis que la pression accrue des féodaux et de l'oligarchie urbaine porte à un très haut degré la misère des masses rurales. La prise du pouvoir par les «Officiers libres» en Égypte (1952) a ici un profond retentissement. Le mécontentement grandit, la conscience politique s'aiguise. L'opposition se rassemble autour de deux thèmes: le respect des règles démocratiques dans la vie politique et le refus nationaliste de collaborer avec les puissances occidentales. L'armée renverse la monarchie en 1958. 
L'Iraq républicain et le régime baassiste 
 
Le général Kassem, l'homme fort du nouveau régime républicain, ne peut régler les problèmes sociaux et politiques. En 1963, un coup d'État permet à la branche irakienne du parti socialiste arabe Baas de s'emparer du pouvoir. Après 1968, ce parti, dont émerge rapidement la personnalité de Saddam Hussein, devient l'unique force dirigeante du pays. L'Iraq entre alors dans une période de profondes mutations. Le parti Baas, en assurant la maîtrise des ressources pétrolières par leur nationalisation, jette les bases d'une économie moderne et diversifiée. Après la mort de Nasser (1970), l'Iraq entend jouer un rôle prééminent au sein du panarabisme. 
 
Les relations de Bagdad avec la Syrie ont toujours été conflictuelles, à l'image des rapports hostiles entre les deux branches, irakienne et syrienne, du parti Baas. En outre, l'Iraq se montre l'adversaire le plus déterminé d'Israël. Riverain du Golfe, aspirant à devenir une puissance régionale, il sort renforcé du long conflit qui l'oppose à l'Iran (1980-1988). Mais la crise et la guerre du Golfe (1990-1991) mettent provisoirement un terme aux ambitions régionales d'un pays désormais très isolé au sein du monde arabe. L'embargo occidental consécutif à la guerre du Golfe, quoique partiellement levé en 1996 par suite d'une décision des Nations Unies, affecte peu l'oligarchie au pouvoir mais est très durement ressenti par les populations civiles.