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ECONOMIE de la JORDANIE

Jamais depuis sa création, l'Etat jordanien n'a pu s'assurer de bases économiques saines. Ce petit pays, faiblement peuplé, sans frontières stables, est très étroitement soumis à son voisinage. La création de l'État d'Israël provoque une rupture de ses débouchés traditionnels directs sur la Méditerranée par le port de Haïfa. La guerre de 1967 entraîne pendant huit ans la fermeture du canal de Suez et le trafic du port d'Aqaba doit contourner l'Afrique. Les voies terrestres sont tributaires des voisins arabes: Syrie, Iraq, Arabie saoudite. Il faut compter aussi avec de constantes incertitudes sur les mouvements de population et le volume de la force de travail. Le pays a dû absorber les vagues successives de réfugiés palestiniens jusqu'au lendemain de la guerre du Golfe, avec le retour des Palestiniens établis au Koweït. En même temps, la population active la plus qualifiée a été attirée par les pays pétroliers voisins et, paradoxalement, la Jordanie a eu recours, pendant des années, à une main-d'œuvre étrangère de remplacement. 
 
D'inquiétantes incertitudes pèsent également sur le niveau des ressources disponibles. Sans ressources pétrolières, la Jordanie n'a pas non plus assez de subsistances. Si les cultures irriguées de la vallée du Jourdain peuvent s'affranchir des excès du climat, il n'en est pas de même pour les cultures sèches des plateaux, où les rendements peuvent varier dans la proportion de 1 à 5. De surcroît, la Jordanie ne dispose que de ressources minières réduites, et l'exploitation des phosphates (6,3 millions de tonnes en 1990 dans les gisements d'El-Hasa, El-Chidiya et El-Abiad) est très dépendante des cours mondiaux. Les ressources en eau, déjà très limitées, se présenteront dans un proche avenir comme une stricte contrainte, difficilement surmontable. Actuellement, les Jordaniens sont obligés d'utiliser l'eau fossile des nappes souterraines. 
 
Dans ces conditions, l'économie jordanienne est le type même d'une économie assistée. L'aide financière étrangère est indispensable: elle est fournie par les pays arabes voisins, notamment les pays pétroliers de la péninsule Arabique qui, au cours de la décennie 1980, ont alimenté les finances jordaniennes de 1,5 milliard de dollars par an. La Jordanie compte également sur les apports en devises des travailleurs expatriés qui, au cours de la même période, ont procuré une somme équivalente. Ces ressources sont évidemment très fluctuantes et liées à l'évolution politique régionale. Si la guerre civile libanaise et la guerre irako-iranienne ont profité à la Jordanie en faisant d'Aqaba un grand port régional, le pays, principal partenaire commercial de l'Iraq, subit de plein fouet les contrecoups de la guerre du Golfe. L'endettement s'est considérablement gonflé: il représente deux fois la valeur du produit national annuel. 

 

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