Accueil

HISTOIRE de la JORDANIE

De tous les Etats issus du démembrement de l'Empire ottoman, la Jordanie est celui dont la construction apparaît la plus artificielle et dont la consistance territoriale a été la plus changeante. 
La Transjordanie En septembre 1922, la Transjordanie (à l'est du Jourdain) est placée sous mandat britannique et confiée à l'émir Abdullah, l'un des fils de l'émir Husayn de La Mecque. La création de cette nouvelle entité territoriale comble les vœux de la Grande-Bretagne qui, en la confiant à un Hachémite, pense honorer la promesse faite pendant la guerre à l'émir Husayn de créer un royaume arabe en échange de son alliance contre Istanbul. Ce nouveau territoire prolonge la domination britannique de l'isthme entre le golfe Persique et la Méditerranée. Par ailleurs, la Transjordanie est un territoire tampon entre la Syrie sous tutelle française et la péninsule Arabique où s'affirme la puissance des Saoudiens. 
 
La frontière nord-ouest, qui suit en partie le cours du Yarmouk, correspond à la limite entre les régions placées sous mandat français et celles qui sont placées sous mandat britannique. Les autres délimitations restent longtemps imprécises. Le débouché sur la mer Rouge à Aqaba n'est acquis qu'en 1925; cette fenêtre maritime de la Jordanie sera portée de 6 à 25 km grâce à un arrangement plus tardif (1965) avec Riyad. Avec l'Iraq, la frontière n'est fixée qu'en 1932. 
L'annexion de la Cisjordanie 
Chronologie (1948) 
 
Quant aux frontières occidentales, elles ont fluctué avec les multiples péripéties du conflit israélo-arabe. En 1949, après les accords d'armistice consécutifs à la première guerre israélo-arabe, la Transjordanie annexe la Cisjordanie (la Samarie et une partie de la Judée), qui était tenue par la Légion arabe. Le royaume devient alors la Jordanie. Le gain de territoire est faible, mais potentiellement important: 5.878 km2 de bonnes terres bénéficiant d'un climat méditerranéen s'ajoutent aux 88.000 km2 steppiques ou désertiques de la Transjordanie. Le peuplement du royaume est profondément transformé. On y comptait alors quelque 375.000 Bédouins, en majeure partie sédentarisés; l'annexion de la Cisjordanie gonfle considérablement les effectifs: aux 460.000 Cisjordaniens s'ajoutent 350.000 réfugiés palestiniens. La Jordanie passe en quelques mois de 375?000 à 1.200.000 h. Si une partie de la bourgeoisie palestinienne contribue au dynamisme et à la prospérité du nouvel État, la masse des réfugiés s'entasse dans les camps et les bidonvilles à la périphérie des villes, notamment de la capitale Amman. Une active politique d'assimilation est conduite, visant à intégrer les Palestiniens, qui obtiennent automatiquement la nationalité jordanienne. Les oppositions entre Bédouins et Palestiniens restent vives toutefois; elles seront exacerbées après la guerre de 1967. 
 
Le recentrage vers l'est 
 
La guerre des Six-Jours a des conséquences catastrophiques pour la Jordanie. Le royaume se trouve amputé de la Cisjordanie où, sur 5,7 % du territoire jordanien, se concentraient à l'époque 47 % de la population, 48 % des établissements industriels, l'essentiel de la production agricole. L'annexion israélienne entraîne également la perte des Lieux saints, un pôle touristique exceptionnel et une importante source de devises pour l'économie. La Jordanie orientale doit alors faire face à un nouvel afflux de réfugiés palestiniens (environ 300.000) et le royaume, dans ses nouvelles limites, connaît une croissance démographique spectaculaire: 1,4 millions d'habitants en 1968, 4?4 millions en 1997. Cependant, la position d'Amman à l'égard de la Cisjordanie occupée a beaucoup évolué: la Jordanie prend acte de la naissance d'un pouvoir palestinien et, en juillet 1988, les Jordaniens annoncent la «rupture des liens légaux et administratifs» avec ce territoire annexé en 1949. Le royaume a durablement pour frontière occidentale le Jourdain, et son assise territoriale est réduite à la partie orientale de la vallée et aux plateaux steppiques et désertiques de l'Est. En 1994, la Jordanie signe un traité de paix avec Israël. En 1999, la mort du roi Hussein, entérine l'arrivée au pouvoir de son successeur désigné, le prince Abdallah. Après avoir désigné à son tour son demi-frère Hamza, prince héritier du trône hachémite et nommé Abdel Raouf Rawabdeh à la direction du gouvernement, le roi Abdallah, qui s'est engagé à poursuivre la politique mise en œuvre par son défunt père, doit faire face à une situation complexe dominée par le blocage du processus de paix israélo-palestinien et par la crise économique qui sévit dans le pays. Par ailleurs, un litige l'oppose à Israël, qui remet en question les accords commerciaux liant les deux pays pour la fourniture d'eau. Le gouvernement israélien a en effet invoqué le faible niveau des pluies et la demande importante, pour envisager la réduction de 60 % de l'approvisionnement de la Jordanie. A la fin du premier semestre 2000, Abdallah II accepte la démission du Premier ministre Abdel Raouf Rawabdeh, dont le gouvernement, vivement critiqué par une majorité des députés est également accusé de népotisme, de corruption et d'abus de fonds publics. Il désigne Ali Abu Ragheb pour former le nouveau cabinet et mener à bien les réformes nécessaires au redressement économique du pays.