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L'HISTOIRE de la SYRIE

Cadre naturel dans lequel s'épanouit la civilisation mésopotamienne aux IVe et IIIe millénaires av. J-C, la vallée de l'Euphrate vit la naissance des premières civilisations urbaines et constructions étatiques par des populations maîtrisant l'écriture. 
 
La Syrie antique 
Les vestiges de Mari apportent la preuve que la Syrie du IIe millénaire fut un carrefour politique, économique et culturel renommé, et donc aussi convoité. Morcelée et divisée en une multitude de petites principautés soumises aux alliances conclues avec de puissants voisins, la Syrie va subir plusieurs dominations: Phéniciens et Araméens, Égyptiens, Assyriens, Chaldéens et Perses laissent à des degrés divers leur empreinte. Alexandre le Grand, victorieux des Perses (331 av. J-C), soumet la Syrie et encourage l'hellénisation, fondant notamment de nombreuses cités. Antioche devient la capitale de cette Syrie mésopotamienne; Damas et Tadmor (Palmyre, la «ville des palmiers»), à l'intérieur, s'imposent comme de grands centres. Séleucos (général d'Alexandre, futur Séleucos Ier Nikatôr), fonde dans la vallée de l'Oronte un État qui a Antioche pour capitale (le royaume de Syrie) et qui, par étapes successives, s'étendra de la Méditerranée à l'Inde. 
 
En 64 av. J-C, Rome soumet la Syrie, qui, partagée en cinq provinces, devient une riche contrée agricole. Le blé et l'olivier assurent l'extension du commerce en direction de la Méditerranée. Les villes, soumises à l'influence romaine, ne cessent de se développer. Jouant un rôle dans l'évolution de l'Empire romain, la Syrie fournit une dynastie d'empereurs, dont Septime Sévère, Caracalla et Philippe l'Arabe. À Palmyre, Zénobie fonde un éphémère empire syrien (257-272), dont Aurélien viendra facilement à bout. Mais Rome contient de plus en plus difficilement l'assaut de ses voisins. Les Perses menacent à plusieurs reprises la Syrie, qui, à partir de 395, est englobée dans l'Empire d'Orient et tombe sous la férule de Constantinople. La faiblesse de l'administration byzantine, uniquement préoccupée de lever l'impôt, et les atermoiements des empereurs facilitent la conquête arabe. 
 
La Syrie arabe L'Empire abbasside au début du IXe siècle 
Affaiblis par les luttes qui les opposent, Byzantins et Perses ne peuvent résister à l'expansion arabe. Damas tombe en 635. La victoire du Yarmouk (636) sur les troupes d'Héraclius Ier permet aux Arabes de s'assurer le contrôle de la Syrie. La dynastie omeyyade (661-750), fondée par Moawiyya, exerce son rayonnement depuis Damas, sa capitale. La marine du calife s'empare des îles de la Méditerranée orientale (Chypre, Crète, Rhodes), tandis que les troupes terrestres viennent camper sous les murs de Constantinople. L'administration est réorganisée, les sciences se développent, les mosquées et les palais se multiplient. Pourtant, les Omeyyades tombent sous les coups des Abbassides, qui font de Bagdad la capitale de leur nouvel Empire (750-1258), dont la Syrie devient une simple province. Le pays connaît une période troublée au moment où l'Empire commence à se démembrer. À partir du XIe siècle, les croisades modifient les structures territoriales. Le «royaume latin» créé par les croisés est une fédération de quatre États féodaux qui ne purent jamais dominer l'intérieur du pays, Damas et Homs restant des citadelles musulmanes. D'importantes colonies marchandes établies sur le littoral assurent la circulation des produits venus d'Asie vers l'Europe. Après que Salah al-Din (Saladin) eut écrasé les Francs en 1187, la Syrie devient une province de l'Égypte des Mamelouks. L'Orient arabe est ensuite menacé à plusieurs reprises par les envahisseurs mongols, surtout par Tamerlan (mise à sac d'Alep et de Damas en 1400-1401). 
 
La Syrie ottomane 
Après avoir pris Constantinople, les Ottomans défont les Mamelouks en 1516, annexent la Syrie à leur nouvel empire et la divisent en trois puis en quatre pachaliks (Damas, Tripoli, Alep et Saïda). Toutefois, la domination turque se fait principalement sentir dans les villes, les émirs locaux exerçant partout ailleurs leur propre pouvoir. Méhémet-Ali profite un temps de la faiblesse de la Sublime Porte pour contrôler le pays (1832-1840). L'arrivée des Jeunes-Turcs au pouvoir n'améliore pas la situation. Leurs tentatives d'assimilation renforcent au contraire le sentiment national. La Première Guerre mondiale donne à de nombreux Syriens l'occasion de s'opposer à la tutelle ottomane. Alliés des Allemands, les Turcs, vaincus par les Anglais et les armées arabes de l'émir Fayçal, sont définitivement chassés de Syrie en octobre 1918. 
 
Le mandat français (1920-1941) 
 
Les nationalistes souhaitent rassembler autour de Damas les terres arabes autrefois placées sous contrôle ottoman. L'émir Fayçal se rend en Europe pour revendiquer une complète indépendance arabe. Un congrès national syrien, réuni à Damas en mars 1920, proclame l'indépendance de la «Grande Syrie». En avril, la conférence de San Remo confirme les accords Sykes-Picot et donne à la France mandat sur le Liban et la Syrie: c'est l'effondrement du grand projet arabe. Les troupes françaises, après avoir défait les chérifiens, entrent à Damas en juillet 1920. La déception est immense parmi les nationalistes damascènes, lesquels n'admettront jamais la création du Liban. La France, qui se donne pour mission de remettre en état le pays et de le conduire vers l'indépendance, se heurte à leur hostilité. En 1925 éclate la révolte du djebel Druze, qui sera très durement réprimée. L'ordre rétabli, l'affrontement avec les nationalistes se situe sur le plan politique. L'arrivée au pouvoir du Front populaire en 1936 suscite des espoirs. Mais le traité franco-syrien prévoyant l'indépendance de la Syrie dans un délai de trois ans, approuvé par le Parlement syrien, ne sera jamais soumis à la ratification du Parlement français. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, la France accepte de céder à la Turquie le sandjak d'Alexandrette, provoquant à nouveau le mécontentement des Syriens. Proclamés en septembre 1941, la fin du mandat et l'indépendance interviennent effectivement à l'issue de la Seconde Guerre mondiale. 
La Syrie indépendante Gamal Abdel Nasser : discours sur la création de la République arabe unie avec la Syrie 
 
Dans un premier temps, les hommes politiques qui ont contribué à négocier l'indépendance se révèlent peu aptes à conduire les affaires. De 1949 à 1954, le pays connaît une succession de coups d'État militaires, tandis que s'accomplissent des progrès en faveur de l'édification d'un État unitaire et que, sur le plan extérieur, le pays souligne son indépendance en refusant l'aide américaine. Le retour des militaires dans leurs casernes ouvre la voie à un régime parlementaire, conformément à la Constitution de 1950. Mais la vie politique reste heurtée: des tendances pro-irakiennes et pro-égyptiennes s'affrontent, et le parti Baas, socialiste arabe, étend son influence. Sur le plan extérieur, l'hostilité à l'égard des États-Unis se confirme, tandis que se dessine un rapprochement avec l'URSS. L'influence égyptienne grandit et, en 1958, l'union syro-égyptienne aboutit à la création de la République arabe unie (RAU), dissoute en 1961. Le fonctionnement d'un État unitaire semble difficile. En 1961, un coup d'Etat fomenté par des officiers, avec l'appui de la bourgeoisie conservatrice, y met un terme. À compter de 1963, le parti Baas accède au pouvoir et élimine la tendance pronassérienne. Les tentatives de rapprochement avec l'Iraq, où domine également le parti Baas, n'aboutissent pas. En 1964, une nouvelle constitution fait de la Syrie une république démocratique et socialiste, partie intégrante de la nation arabe. Les luttes et rivalités internes sont très vives à l'intérieur du parti. En 1970, le général Hafez al-Assad, un alaouite appuyé par l'armée, prend en main la destinée de la Syrie. Sur le plan extérieur, sa politique est marquée par son contrôle du Liban et le problème du Golan, occupé par Israël depuis 1967. Le 11 mars 1999, le général al-Assad, dont le parti, le Front national progressiste, avait remporté largement en novembre 1998 les élections organisées pour désigner les 250 représentants du Conseil du peuple, est reconduit à la tête de l'État. Seul candidat à se présenter, sa réélection a lieu dans un climat de morosité économique, marquée par une croissance insuffisamment élevée (2 % en 1998) pour compenser la forte expansion démographique, par la chute du prix du pétrole — dont les recettes assurent près de 70 % de la valeur des exportations et 40 % du budget de l'État —, et par la frilosité des investisseurs étrangers, rebutés par l'archaïsme du système étatique et juridique. En mars 2000, Hafez al-Assad nomme Mohammad Moustapha Miro à la direction du gouvernement, en remplacement de Mahmoud al-Zou?Bi, Premier ministre depuis treize ans. Le choix du gouverneur d'Alep, présenté comme un réformateur, pour diriger une équipe largement remaniée, semble indiquer une volonté d'ouvrir davantage à la modernité un pays touché par la récession économique depuis deux ans. Sur le plan diplomatique, les pourparlers de paix avec Israël, qui ont connu une certaine avancée à la suite du retrait effectif des troupes israéliennes du Liban-Sud en mai, demeurent toujours bloqués sur la question de l'occupation israélienne du Golan. Contre toute attente, le décès brutal, le 10 juin, du chef de l'État et l'arrivée attendue de son successeur désigné, son fils Bachar, largement plébiscité par le parti Baas, inaugurent une nouvelle ère politique.