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L'HISTOIRE de TAIWAN

Bien que le détroit qui la sépare du continent ait moins de 200 km de large, Taiwan est entré tard dans l'orbite chinoise (l'Empire de Chine s'intéressait peu aux îles bordières). Certes les premiers contacts connus remontent à la dynastie des Song (960-1127), mais, jusqu'au XVIIe siècle, il n'y a pas eu d'arrivée massive de Chinois, à l'exception d'un certain nombre de réfugiés, hors-la-loi ou persécutés. 
 
L'arrivée des Européens Contrairement aux Chinois, dès leur arrivée, les Européens se sont intéressés à l'île. Les Portugais y ont installé des comptoirs, et lui ont donné le nom sous lequel elle a longtemps été connue en Europe: Formose, de formosa (« la belle »). Les Espagnols ont établi deux comptoirs, mais ont été chassés par les Hollandais, qui ont, les premiers, commencé à contrôler l'intérieur de l'île, tout en concentrant leurs efforts sur leur comptoir côtier de Fort Zeelandia, près de l'actuelle ville de Tainan, sur la côte sud-ouest. L'apogée de la domination hollandaise se situe entre 1622 et 1664. 
 
Cette date marque l'avènement de la dynastie des Tsin (Qing), plus connue sous le nom de dynastie mandchoue, qui chassa celle des Ming. Cet événement concernant la Chine continentale eut des conséquences inattendues pour Taiwan. Un partisan des Ming, Kuo Hsing Ye (que les Hollandais appelèrent Koxinga), tenta de faire de l'île une base de résistance antimandchoue. Il s'y installa avec son armée et sa flotte, et en chassa les Hollandais. Il ne réussit pas à tenir longtemps les Tsin à l'écart, puisqu'ils prirent possession de Taiwan et 1681. Elle devint une préfecture de la province du Fujian. 
 
Chinois et Japonais Des migrations de continentaux, commencées sous la domination européenne, prirent de l'ampleur avec ces événements, et assurèrent la mise en place du fond de population taiwanaise. 
 
Après deux siècles de domination chinoise, de nouvelles prétentions sur Taiwan se manifestèrent, de la part des Japonais cette fois. La guerre sino-japonaise conclue par le traité de Shimonoseki de 1895 aboutit à la cession de Taiwan au Japon, qui conserva l'île jusqu'en 1945. La domination nipponne laissa peu de traces dans la population, car les Japonais installés dans l'île furent renvoyés dans leur pays à la fin de la guerre. Ils y avaient cependant créé une certain nombre d'infrastructures, avec notamment les arsenaux et les bases militaires de la Seconde Guerre mondiale. 
 
Les vainqueurs de 1945, parmi lesquels les nationalistes Chinois, imposèrent le retour de Taiwan à la Chine, qui en fit une province parmi les autres. Cette nouvelle souveraineté ne s'imposa pas sans difficulté, puisqu'une révolte grave opposa en 1947 les Chinois du continent aux Taiwanais. 
Le régime du Kuomintang Chronologie (1971) La victoire des communistes en 1949 ouvrit une ère nouvelle. Les armées vaincues du Kuomintang de Tchang Kaï-chek se réfugièrent à Taiwan, et décidèrent qu'elle était désormais la vraie Chine. Cette attitude fut pendant longtemps celle des puissances occidentales, puisque le siège de la Chine à l'ONU fut occupé pendant près de trente ans par le représentant de l'île, qui s'intitulait « république de Chine ». La force des choses imposa cependant un changement d'attitude, qui conduisit à la reconnaissance progressive de la Chine communiste par les puissances occidentales. Quand les États-Unis adoptèrent la même attitude, Taiwan perdit en 1971 son siège à l'ONU et la reconnaissance internationale. Les contacts diplomatiques avec beaucoup de pays passent par des délégations commerciales et par des ONG. 
 
Sur le plan intérieur, le gouvernement du Kuomintang revêtit longtemps un caractère très autoritaire et répressif (la loi martiale resta en application de 1947 à 1987). 
 
Imposée par l'évolution générale de l'Asie, par les revendications des classes bénéficiaires du progrès économique, voire par des révoltes et des grèves, une libéralisation a eu lieu dans les dernières années. Elle n'a été manifeste qu'après la mort de Tchang Kaï-chek en 1975, sous le gouvernement de son fils Jiang Jingguo qui mit fin à la loi martiale. Après la mort de ce dernier en 1988, le vice-président Lee Teng-hui, natif, lui, de Taiwan, légalisa les partis politiques, mettant fin au monopole du Kuomintang, et fit adopter une Constitution. Au début de 1996, il s'est démocratiquement soumis à l'épreuve d'une élection présidentielle, qu'il a d'ailleurs gagnée. 
La normalisation de la vie politique Les changements intervenus à Taiwan suscitent des mouvements de mauvaise humeur de la part de la Chine continentale, dans la mesure où elle représente une stabilisation du régime. Les deux États maintiennent en effet la fiction selon laquelle chacun d'eux prétend être la « vraie Chine ». Cette attitude est de plus en plus théorique, et les Taiwanais peuvent maintenant circuler et même investir sur le continent. Cependant, le compromis sur lequel sont fondées les relations entre les États est fragile; la Chine communiste exerce toujours une surveillance méfiante sur les relations de Taiwan avec le reste du monde et ne manque pas de prendre des mesures de boycott contre les pays qui lui fournissent des armes. 
 
Malgré la détente des dix dernières années, les relations sont toujours difficiles entre les deux Chines. L'État géant du continent, qui a récupéré Hongkong en 1997, ne manque pas de rappeler périodiquement que Taiwan est à ses yeux une province chinoise, et accompagne ces rappels de menaces d'invasion. Comme Taiwan est bien armé et bénéficie d'un soutien discret mais ferme des grandes puissances, le compromis actuel peut encore durer. 
 
Ainsi, la victoire, lors des élections présidentielles de mars 2000, de Chen Shui-bian, candidat du Parti démocrate progressiste (DPP), formation indépendantiste, face au candidat officiel du Kouomintang, a perturbé une nouvelle fois les relations diplomatiques entre Taipei et Pékin. En effet, le nouveau chef de l'État ne cache pas ses intentions de voir se constituer une « république de Taiwan souveraine et indépendante », contrairement à la formule d'« un pays, deux systèmes », imposée par le gouvernement de Zhu Rongji pour la réunification des deux Chine. Et la conclusion d'un accord d'adhésion de la Chine à l'OMC a été suivie de quelques jours par Taiwan, qui a adhéré, après la ratification des ministres du Commerce des pays membres à Doha, en octobre 2001, sous le nom de « Chinese Taipei ». En novembre, le nouveau succès électoral du DDP, qui, avec 87 sièges, est devenu la première force au Parlement, met symboliquement fin à la domination du parti communiste chinois, au pouvoir dans l'île depuis la victoire communiste en Chine continentale, mais elle démontre également la volonté de changement exprimée par les Taiwanais.