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L'HISTOIRE DU LAOS

L'histoire ancienne Les tribus Phou theungs constituent probablement les plus anciennes populations présentes sur le territoire du Laos, mais leur origine et leur histoire sont mal connues. C'est probablement au XIIIe siècle, après l'écroulement du royaume thaï de Nan Chao, dans le Sud-Ouest de la Chine, que les Lao thaïs ont commencé leur migration vers le sud, dans ce qui constitue aujourd?hui le Laos. 
 
Vers 1300, les Laos avaient fondé plusieurs principautés, telles que Luang Prabang, Vientiane, Xieng Khouang, Savannakhet et Xam Nua. Ces cités-États se livraient des guerres continuelles, sous la conduite de familles princières. Elles furent occasionnellement contraintes à accepter la suzeraineté du royaume thaï de Sukhothai ou de l'empire khmer d'Angkor. Au XIVe siècle, le royaume de Sukhothai s'affaiblit, ce qui permit en 1353 au souverain de Luang Prabang, le prince Fa Ngoum (1316-1378), d'unifier diverses petites principautés de la vallée du Mékong et de fonder le royaume du Lan Xang («le pays aux millions d'éléphants»). Fa Ngoum établit sa capitale à Luang Prabang et introduisit le bouddhismetheravada. Bien qu'envahi à plusieurs reprises par ses puissants voisins (ainsi, en 1478, par l'empereur du Viêt-nam), le royaume de Lan Xang parvint à se maintenir pendant plus de trois siècles, avec des frontières fluctuant selons les guerres, parfois repoussées aussi loin à l'ouest que le Korat ou Chiangmai au Siam, ou vers le nord jusqu'à la province chinoise du Yunnan (ancien Nan Chao). Au milieu du XVIe siècle, ce furent les Birmans qui imposèrent leur suzeraineté; le roi Setthathirath (vers 1548-1571) transféra la capitale à Vientiane (1563). À sa mort, les Birmans occupèrent le royaume. Le pays connut alors une période troublée jusqu'au règne de Souligna Vongsa (1637-1694), qui rétablit l'ordre. Avant sa mort, ce souverain signa des traités avec les États voisins afin de fixer les frontières de son royaume. Cependant, les querelles que suscita sa succession mirent fin à l'unité du Laos qui, en 1707, éclata en trois royaumes rivaux: Vientiane, Luang Prabang et Champassak, proies faciles pour le Viêt-nam, le Siam ou la Birmanie. Les royaumes de Luang Prabang et de Champassak tombèrent sous la domination du Siam en 1778. 
 
En 1804, les Thaïs désignèrent le prince Chao Anou roi de Vientiane. Celui-ci, après être longtemps resté loyal envers ses suzerains thaïs, tenta en 1828 un soulèvement qui fut rapidement écrasé. Chao Anou trouva refuge au Viêt-nam et y recruta une armée qu'il entraîna dans une expédition militaire pour libérer le Laos de l'emprise thaïe. Il fut de nouveau vaincu, et, cette fois, les Thaïs ravagèrent Vientiane et firent des milliers de prisonniers qu'il déportèrent au Siam. De leur côté, les Vietnamiens en profitèrent pour prendre le contrôle de Xieng Khouang.
 
Du protectorat à l'indépendance 
 
En 1861, une mission d'exploration française, dirigée par le commandant Doudart de Lagrée et le lieutenant de vaisseau Francis Garnier, remonta le Mékong. L'action du vice-consul de France à Luang Prabang, Auguste Pavie, ainsi qu'un blocus des côtes obligèrent le Siam, qui dominait les trois royaumes depuis la fin du XVIIIe siècle, à céder la rive gauche du Mékong (1893) puis à signer des traités (1902, 1904) reconnaissant le protectorat de la France sur le Laos. Celui-ci fut unifié par la France qui le fit entrer dans l'Union indochinoise en 1899. En 1904, commença le long règne de Sisavang Vong qui dura jusqu'en 1959. Pendant les années de protectorat, la France dirigea administrativement le pays, mais n'œuvra guère à son développement économique et social. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Japon imposa sa domination sur l'Indochine française, y compris sur le Laos; cette domination s'exerçant de manière indirecte, le gouvernement français de Vichy s'en accommoda, les administrateurs français restèrent en poste et le drapeau tricolore continua de flotter sur Vientiane. En 1941, la Thaïlande, alliée du Japon, imposa seulement à la France de céder les territoires à l'ouest du Mékong. Jusqu'en mars 1945, l'Indochine française fut peu touchée par les combats; mais, lorsque les Japonais prirent conscience qu'ils allaient perdre la guerre, ils cherchèrent à empêcher le retour des puissances coloniales européennes, y compris de leurs alliés de Vichy, dans la région. Ils occupèrent alors l'Indochine, et, le 8 avril 1945, sous la pression japonaise, le roi Sisavang Vong proclama l'indépendance du Laos. 
 
Le mouvement nationaliste Lao Issara («Laos libre»), dirigé par les princes Souvanna Phouma et Souphanouvong, tenta en vain de s'opposer au retour de la France; celle-ci, ayant cependant repris possession du Laos dans le cours du printemps 1946, lui accorda l'autonomie interne. Le roi Sisavang Vong accepta ce statut (mai 1946), et proclama une nouvelle constitution définissant le Laos comme une monarchie constitutionnelle (1947). Le mouvement nationaliste se divisa en 1949 lorsque la France octroya l'indépendance au royaume du Laos, dans le cadre de l'Union française. En 1951, le prince Souvanna Phouma devint Premier ministre, alors que, l'année précédente, les nationalistes plus radicaux, menés par Souphanouvong (demi-frère de Souvanna Phouma), avaient créé le mouvement procommuniste du Pathet Lao. Aidé par le Viêt-minh, le Pathet Lao prit en 1950 le contrôle d'une «zone libérée» dans le Nord, où il établit un gouvernement, puis libéra peu à peu les campagnes du Sud. Le Laos accéda à l'indépendance en 1953. 
La république populaire 
 
En 1954, les accords de Genève n'apportèrent pas de solution pour le pays, divisé en trois factions rivales (droite proaméricaine du prince Boun Oum et du général Phoumi Nosavan, centre neutraliste de Souvanna Phouma et du capitaine Kong Lê, et Pathet Lao procommuniste – pro-Viêt-nam du Nord – de Souphanouvong), réunies dans de brefs gouvernements d'union nationale (1957, 1962, 1974). Après une période de calme, de 1955 à 1959, un coup d'État neutraliste échoua en 1960 et l'influence américaine prit le dessus. La neutralité du Laos fut proclamée en 1962 et un gouvernement d'union nationale présidé par Souvanna Phouma fut mis en place. Mais les forces neutralistes et communistes occupèrent alors la plaine des Jarres. Mettant à profit l'extension du conflit au Viêt-nam, les communistes reprirent l'offensive en 1963; le Laos, par où passait la «piste Hô Chi Minh», fut alors impliqué dans la guerre du Viêt-nam et subit de lourds bombardements américains. En 1973, un cessez-le-feu intervint. Au Laos, après le rétablissement de la paix au Viêt-nam, les élections portèrent au pouvoir le Front patriotique du Laos (ex-Pathet Lao), qui abolit la monarchie (2 décembre 1975) et proclama la République démocratique populaire du Laos; le prince Souphanouvong devint président de la République. En 1977, le Laos signa un traité de coopération avec le Viêt-nam et accéléra sa «marche vers le socialisme». Au milieu des années 1980, toutefois, le Premier ministre (puis chef de l'État en 1991), Kaysone Phomvihane, engagea son pays vers une certaine ouverture économique et politique; en 1988, se déroula une consultation, la première depuis la prise du pouvoir par les communistes, pour élire les chefs des 240 districts; le Laos, par ailleurs, se rapprocha de la Thaïlande. Une nouvelle Constitution fut adoptée en 1991, confirmant le régime de parti unique (le Parti révolutionnaire du peuple), mais étendant quelque peu les droits démocratiques; un an plus tard, Nouhak Phoumsavane fut porté à la tête de l'État. Poursuivant sa politique d'ouverture, le général Khamtay Siphandone, président du parti unique, lui a succédé en 1998, tandis que le général Sisavath Keobouphanh prenait la direction du gouvernement.